CRM : Sarbacane tacle Brevo dans les Echos. Brevo, une licorne pas souveraine ?
Positive Groupe, l'éditeur notamment du logiciel de CRM Sarbacane, a fait paraitre, dans Les Echos du 8 décembre, une publicité pleine page soulignant ce qu'il qualifie de “mensonges” chez Brevo, l'éditeur français concurrent qui vient de lever 500 millions d'euros, auprès de Oakley Capital et General Atlantic. Basé dans le nord de la France et créé en 2001 par Mathieu Tarnus, Sarbacane est un logiciel d'envoi d'e-mails, qui est, comme d'autres logiciels SaaS, devenu une solution complète de marketing automation, c'est à dire une solution globale de gestion de la relation client, de CRM, plutôt dédiée à l'acquisition et à la fidélisation des clients.
Brevo, ex-Sendinblue, est l'un de ses concurrents français, comme peuvent l'être Splio ou l'américain MailChimp.
Sarbacane est accessible à partir de 69 euros par mois, Brevo à partir de 7 euros par mois
La souveraineté de ce dernier est questionnée, alors que Brevo vient d'annoncer une levée de fonds de 500 millions d'euros et a largement communiqué autour de son statut de licorne.
Bravo, Brevo. Vraiment
Parmi les incohérences ou imprécisions que Positive Groupe entend souligner, la principale est relative à la perte de souveraineté de son concurrent :
- la R/D de Brevo serait principalement réalisée en Inde, avec des équipes d'ingénieurs basées sur place
- la majorité du capital de Brevo appartiendrait à deux fonds anglo-saxons Oakley Capital et General Atlantic
- les données manipulées par Brevo ne resterait pas sous contrôle local
La souveraineté de Brevo questionnée
La publicité s'achève sur une phrase qui rappelle le sens global du message : “la souveraineté n'a jamais été un enjeu aussi important qu'à l'époque où nous vivons. Elle n'est ni une question de levée de fonds spectaculaire, ni une promesse lancée en l'air (..) La souveraineté repose sur une gouvernance indépendante, un actionnariat maitrisé, des données qui restent sous contrôle local, des équipes qui conçoivent la technologie sur nos territoires”

Positive Groupe réalisera environ 70ME de CA à la fin 2025 et a acquis de nombreuses sociétés depuis 2001, date de la création du groupe. Ardian en a été actionnaire un temps. IDI et EMZ Partners en sont partiellement propriétaires désormais. Il est devancé par Brevo qui annonce un ARR de 200 millions pour 2025, un Ebitda a deux chiffres et a été valorisé plus d'un milliard récemment, avec la levée de fonds évoquée.
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Contacté par nos soins en début 2025 lors de la constitution du Bottin du CRM, du service client et de l'hospitalité, Sarbacane et son service de presse et de communication ne nous ont jamais répondu quand nous les avons sollicités pour interviewer quelques-uns de leurs clients. Sur un point apparemment, les deux concurrents se rejoignent : le marché à conquérir pour devenir le vrai leader est celui des USA. Où de sacrés concurrents existent.
Les priorités des deux concurrents
Sollicité par nos soins, le PDG de Sarbacane indique ne pas faire une priorité du marché américain et considère que les ETI constituent le coeur de sa cible commerciale. Grâce au rachat de User.com, réalisé à la fin de 2023, le groupe propose désormais une offre globale similaire à celle de Brevo, hormis sur les wallets, outils clés de fidélisation des consommateurs. “L'offre à 7 euros par mois faite par Brevo est astucieuse car, très rapidement, notre concurrent recommande de prendre une adresse IP dédiée pour gérer ses envois, ce qui renchérit le coût global du service”
Si deux concurrents français se chamaillent ainsi, c'est probablement parce que les outils de CRM sont devenus essentiels dans tous les métiers, industries, quelle que soit la taille des business. Dans le métro désormais ou surla chaine BFM, on peut apercevoir des affiches ou des publicités pour des outils de CRM, souvent anglo-saxons: Hubspot, Zoho, Monday, sans compter l'annonceur star : Salesforce. L'acquisition de nouveaux clients est vitale.

Les questions de souveraineté sont-elles importantes dans l'univers du logiciel et des datas ?
Interviewé récemment dans les Echos, Christian Klein, le Directeur général de SAP, a répondu de façon précise : Oui elles le sont mais il ne faut pas aborder ce problème d'une façon quasi religieuse ou dogmatique (..)Pour des secteurs critiques comme la défense ou la finance, la souveraineté est clé. Quand on utilise des programmes pour gérer les notes des écoliers, c'est peut-être moins sensible. Il faut aussi s'interroger sur les éléments dans la chaine de l'infrastructure ou du logiciel qui doivent être souverains. On ne va pas réinventer tous les composants ou tous les logiciels en Europe. On ne va pas se dire que l'on doit stocker toutes ses données sur un cloud souverain (..)
La rédaction d'En-Contact.